Charles-Camille Saint-Saëns
Samson et Dalila
Opéra en 3 Actes
Libretto von Ferdinand Lemaire
Uraufführung: 02.12.1877, Großherzogliches Hofheater, Weimar
Personnages
Dalila (Mezo-Soprano)
Samson (Tènor)
Legrand- Prétre de Dagon (Baryton)
Abiméleck, Satrape de Gaza. (1re Basse)
Un Vieillard Hébreu (2e Basse)
Un Messager Philistin (Ténor)
Premier Philistin (Ténor)
Deuxiéme Philistin (Basse)
Hébreux, Philistins
Décorations
Acte I. Place publique. Temple de Dagon.
Acte II. La vallée de Scores, demeure de Dalila.
Acte III. 1er Tableau. Prison. La meule.
2e Tableau. Intérieur du temple de Dagon.
Acte Premier
Une place publique dans la ville de Gaza, en Palestine; à gauche, le portique du temple de Dagon. – Au lever du rideau, une foule d’Hébreux, hommes et femmes, sont réunis sur la place dans l’attitude de la douleur et de la prière. Samson est parmi eux.
Scène Première
Samson, Les Hébreux.
LE CHOEUR.
Dieu d’Israël! écoute la prière
De tes enfants t’implorant à genoux.
Prends en pitié ton peuple et sa misère:
Que sa douleur désarme ton courroux!
LES FEMMES.
Un jour, de nous tu détournas ta face,
Et de ce jour ton peuple fut vaincu!
LE CHOEUR.
Quoi! veux-tu done qu’à, jamais on efface
Des nations celle qui t’a connu?
Mais, vainement tout le jour je l’implore;
Sourd à ma voix, il ne me répond pas!
Et cependant, du soir jusqu’à l’aurore,
J’implore ici le secours de son bras!
LES HÉBREUX basses.
Nous avons vu nos cités renversées,
Et les gentils profanant ton autel.
LE CHOEUR.
Nous avons vu nos cités renversées,
Et les gentils profanant ton autel,
Et sous leur joug nos tribus dispersées
Ont tout perdu, jusqu’au nom d’Israël!
N’es-tu done plus ce Dieu de délivrance
Qui de l’Egypte arrachait nos tribus?
Dieu!
As-tu rompu cette sainte alliance,
Divins serments, par nos aïeux reçus?
SAMSON sortant do la foule à droite.
Arrètez, ô mes frères!
Et bénissez le nom
Du Dieu saint de nos pères!
Car l’heure du pardon
Est peut-être arrivée!
Oui, j’entends dans mon coeur
Une voix élevée!
C’est la voix du Seigneur
Qui parle par ma bouche.
Ce Dieu plein de bonté,
Que la prière touche,
Promet la liberté!
Frères, brisons nos chaînes,
Et relevons l’autel
Du seul Dieu d’Israël!
CHOEUR.
Hélas! paroles vaines!
Pour marcher aux combats,
Où done trouver des armes?
Comment armer nos bras?
Nous n’avons que nos larmes!
SAMSON.
L’as-tu done oublié,
Celui dont la puissance
Se fit ton allié?
Lui qui, plein de clémence,
A si souvent pour toi
Fait parler ses oracles,
Et rallumé ta foi
Au feu de ses miracles?
Lui qui, dans l’Océan,
Sut frayer un passage
A nos pères fuyant
Un honteux esclavage?
LE CHOEUR.
Ils ne sont plus, ces temps
Où le Dieu de nos pères
Protégeait ses enfants,
Entendait leurs prières!
SAMSON.
Malheureux, taisez-vous!
Le dome est un blasphème!
Implorons à genoux
Le Seigneur qui nous aime!
Remettons dans ses mains
Le soin de notre gloire,
Et puis, ceignons nos reins,
Certains de la victoire!
C’est le Dieu des combats,
C’est le Dieu des armées!
Il armera vos bras
D’invincibles épées!
LE CHOEUR.
Le souffle du Seigneur
A passé dans son âme!
Chassons de notre coeur
Une terreur infâme,
Et marchons avec lui
Pour notre délivrance.
Jéhovah le conduit
Et nous rend l’espérance!
Scene II
Les Mêmes, Abimélech, Philistins.
Abimélech entre par la gauche, suivi de plusieurs guerriers et soldats philistins.
ABIMÉLECH.
Qui done élève ici la voix?
Encor ce vil troupeau d’esclaves,
Osant toujours braver nos lois
Et voulant briser leurs entraves!
Cachez vos soupirs et vos pleurs
Qui lassent notre patience;
Invoquez plutôt la clémence
De ceux qui furent vos vainqueurs!
Ce Dieu que votre voix implore
Est demeuré sourd à vos cris,
Et vous l’osez prier encore
Quand il vous livre à nos mépris?
Si sa puissance n’est pas vaine,
Qu’il montre sa divinité!
Qu’il vienne briser votre chaîne,
Qu’il vous rende la liberté!
Croyez-vous ce Dieu comparable
A Dagon, le plus grand des Dieux,
Guidant de son bras redoutable
Nos guerriers victorieux?
Votre divinité craintive,
Tremblante fuyait devant lui,
Comme la colombe plaintive
Fuit le vautour qui la poursuit!
SAMSON inspiré.
C’est toi que sa bouche invective.
Et la terre n’a point tremblé?
O Seigneur! l’abîme est comblé!
Je vois aux mains des anges
Briller l’arme de feu,
Et du ciel les phalanges
Accourent venger Dieu.
Oui, l’ange des ténèbres,
En passant devant eux,
Pousse des cris funèbres
Qui font frémir les cieux!
Enfin, l’heure est venue,
L’heure du Dieu vengeur,
Et j’entends dans la nue
Éclater sa fureur.
Oui, devant sa colère
Tout s’épouvante et fuit!
On sent trembler la terre,
Aux cieux la foudre luit!
LE CHOEUR Hébreux.
Oui, devant sa colère
Tout s’épouvante et fuit!
On sent trembler la terre,
Aux cieux la foudre luit!
ABIMÉLECH.
Arrête! insensé, téméraire!
Ou crains d’exciter ma colère!
SAMSON.
Israël! romps ta chaîne!
O peuple, lève-toi!
Viens assouvir ta haine!
Le Seigneur est en moi!
O toi, Dieu de lumière,
Comme aux jours d’autrefois,
Exauce nia prière
Et combats pour tes lois!
LES HÉBREUX.
Israël! romps ta chaîne!
O peuple, lève-toi!
Viens assouvir ta haine!
O toi, Dieu de lumière,
Comme aux jours d’autrefois.
Exauce ma prière
Et combats pour tes lois!
SAMSON.
Oui, devant sa colère
Tout s’épouvante et fuit!
On sent trembler la terre
Aux cieux la foudre luit!
Il déchaîne l’orage,
Commande à l’ouragan,
On voit sur son passage
Reculer l’Océan!
LES HÉBREUX.
Israël! romps ta chaîne!
O peuple, lève-toi!
Viens assouvir ta haine!
Le Seigneur est en moi!
O toi, Dieu de lumière,
Comme aux jours d’autrefois,
Exauce ma prière
Et combats pour tes lois!
Israël! lève-toi!
Abimélech se précipite sur Samson l’épée à la main pour le frapper. Samson lui arrache l’épée des mains et le trappe. – Abimélech crie en tombant: A moi! – Les Philistins qui accompagnent le satrape veulent le secourir; Samson, brandissant son épée les éloigne. – Il occupe la droite de la scène; la plus grande confusion règne parmi eux. Samson et les Hébreux sortent à droite. – Les portes du temple de Dagon s’ouvrent; le grand prêtre, suivi de nombreux serviteurs et gardes, descend les degrés du portique; il s’arrête devant le cadavre d’Abimélech; les Philistins s’écartent devant lui.
Scène III
Les Mêmes, Le Grand Prêtre, Serviteurs, Gardes.
Le Grand Prêtre.
Que vois-je? Abimélech! frappé par des esclaves!
Pourquoi les laisser fuir? Courons, courons, mes braves!
Pour venger votre Prince, écrasez sous vus coups
Ce peuple révolté bravant votre courroux!
PREMIER PHILISTIN.
J’ai senti dans mes veines
Tout mon sang se glacer;
Il semble que des chaînes
Soudain vont m’enlacer!
DEUXIÈME PHILISTIN.
Je cherche en vain mes armes,
Mes bras sont impuissants,
Mon coeur est plein d’alarmes,
Mes genoux sont tremblants!
LE GRAND PRÊTRE.
Lâches! plus lâches que des femmes!
Vous fuyez devant les combats!
De leur Dieu craignez-vous les flamme
Qui doivent dessécher vos bras?
Scène IV
Les Mêmes, Un Messager Philistin.
LE MESSAGER.
Seigneur! la troupe furieuse
Que conduit et guide Samson
Dans sa révolte audacieuse
Accourt, ravageant la moisson!
PREMIER ET DEUXIÈME PHILISTINS.
Fuyons un danger inutile!
Quittons au plus vile ces lieux;
Seigneur, abandonnons la ville
Et cachons notre honte aux yeux.
LE MESSAGER.
Quittons au plus vite ces lieux;
Seigneur, abandonnons la ville
Et cachons notre honte aux yeux.
LE GRAND PRÊTRE.
Maudite à, jamais soit la race
Des enfants d’Israël!
Je veux en effacer la trace,
Les abreuver de fiel!
Maudit soit celui qui les guide!
J’écraserai du pied
Ses os brisés, sa gorge aride,
Sans frémir de pitié!
Maudit soit le sein de la femme
Qui lui donna le jour!
Qu’enfin une compagne infâme
Trahisse son amour!
Maudit soit le Dieu qu’il adore,
Ce Dieu son seul espoir!
Et dont in a haine insulte encore
L’autel et le pouvoir!
LE MESSAGER, PREMIER ET DEUXIÈME PHILISTINS.
Fuyons dans les montagnes,
Abandonnons ces lieux,
Nos maisons, nos compagnes,
Et jusques à nos dieux!
Ils sortent par la gauche, emportant le cadavre d’Abimélech. Au moment où les Philistins quittent la scène suivis du grand prêtre, les Hébreux, vieillards et femmes, entrent par la droite. Le soleil se lève complètement.
Scène V
Les Femmes et Les Vieillards Hébreux puis Samson suivi des Hébreux victorieux.
LES VIEILLARDS.
Hymne de joie, hymne de délivrance,
Montez vers l’Éternel!
Il a daigné dans sa toute-puissance
Secourir Israël!
Par lui le faible est devenu le maître
Du fort qui l’opprimait!
Il a vaincu l’orgueilleux et le traître
Dont la voix l’insultait!
Les Hébreux conduits par Samson entrent à droite.
UN VIEILLARD.
Il nous frappait dans sa colère,
Car nous avions bravé ses lois!
Plus tard, le front dans la poussière,
Vers lui nous élevions la voix.
Il dit à, ses tribus aimées:
Levez-vous, marchez aux combats!
Je suis le Seigneur des armées,
Je suis la force de vos bras!
LES VIEILLARDS.
Il est venu vers nous dans la détresse,
Car ses fils lui sont chers.
Que l’univers tressaille d’allégresse!
Il a rompu nos fers!
Hymne de joie, hymne de délivrance,
Montez vers l’Eternel!
Il a daigné dans sa toute-puissance
Secourir Israël!
Scène VI
Samson, Dalila, Les Philistines, Le Vieillard Hébreu.
Les portes du temple de Dagon s’ouvrent. Dalila entre, suivie des femmes philistines, tenant dans leurs mains des guirlandes de fleurs.
LES PHILISTINES.
Voici le printemps, nous portant des fleurs
Pour orner le front des guerriers vainqueurs!
Mêlons nos accents aux parfums des roses
A peine écloses!
Avec l’oiseau chantons, mes soeurs!
Beauté, don du ciel, printemps de nos jours,
Doux charme des yeux, espoir des amours!
Pénètre les coeurs, verse dans les âmes
Tes douces flammes!
Aimons, mes soeurs, aimons toujours!
DALILA s’adressant à Samson.
Je viens célébrer la victoire
De celui qui règne en mon coeur.
Dalila veut pour son vainqueur
Encor plus d’amour que de gloire!
O mon bien-aimé, suis mes pas
Vers Scores, la douce vallée,
Dans cette demeure isolée
Où Dalila t’ouvre ses bras!
SAMSON à part.
O Dieu! toi qui vois ma faiblesse,
Prends pitié de ton serviteur!
Ferme tries yeux, ferme mon coeur,
A la douce voix qui me presse!
DALILA.
Pour toi, j’ai couronné mon front
Des grappes noires du troëne,
Et mis des roses de Saron
Dans ma chevelure d’ébène!
LE VIEILLARD HÉBREU.
Détourne-toi, mon fils, de son chemin!
Évite et crains cette fille étrangère.
Ferme l’oreille à sa voix mensongère,
Et du serpent évite le venin!
SAMSON.
Voile ses traits dont la beauté
Trouble mes sens, trouble mon âme!
Et de ses yeux éteins la flamme
Qui me ravit la liberté!
DALILA.
Doux est le muguet parfumé;
Mes baisers le sont plus encore;
Et le suc de la mandragore
Est moins suave, ô bien-aimé!
Ouvre tes bras à ton amante,
Et dépose-la sur ton coeur,
Comme un sachet de douce odeur
Dont la senteur est enivrante!
SAMSON.
Flamme ardente qui me dévore,
Et qu’elle ravive en ce lieu,
Apaise-toi devant mon Dieu.
Pitié, Seigneur, pour celui qui t’implore
LE VIEILLARD HÉBREU.
Malheur à toi, si tu subis les charmes
De cette voix plus douce que le miel:
Jamais tes yeux n’auront assez de larmes
Pour désarmer la colère du ciel!
Les jeunes filles qui ont accompagné Dalila dansent en agitant des guirlandes de fleurs qu’elles tiennent à la main et semblent provoquer les guerriers hébreux qui accompagnent Samson. Ce dernier, profondément troublé, cherche en vain à éviter les regards de Dalila; ses yeux, malgré lui, suivent tous les mouvements de l’enchanteresse, qui reste au milieu des jeunes Philistines, prenant part à leurs poses et à leurs gestes voluptueux.
Danse Des Prêtresses De Dagon.
DALILA.
Printemps qui commence,
Portant l’espérance
Aux coeurs amoureux,
Ton souffle qui passe
De la terre efface
Les jours malheureux.
Tout brûle en notre âme,
Et ta douce flamme
Vient sécher nos pleurs;
Tu rends à la terre,
Par un doux mystère,
Les fruits et les fleurs.
En vain je suis belle!
Mon coeur plein d’amour,
Pleurant l’infidèle,
Attend son retour!
Vivant d’espérance,
Mon coeur désolé
Garde souvenance
Du bonheur passé.
S’adressant à Samson, tournée vers lui.
A la nuit tombante,
J’irai, triste amante,
M’asseoir au torrent,
L’attendre en pleurant
Chassant ma tristesse,
S’il revient un jour,
A lui ma tendresse
Et la douce ivresse,
Qu’un brûlant amour
Garde à son retour!
LE VIEILLARD HÉBREU.
L’esprit du mal a conduit cette femme
Sur ton chemin, pour troubler ton repos.
De ses regards fuis la brûlante flamme!
C’est un poison qui consume les os!
DALILA.
Chassant ma tristesse,
S’il revient un jour,
A lui ma tendresse
Et la douce ivresse
Qu’un brûlant amour
Garde à son retour!
Dalila regagne en chantant les degrés du temple et provoque Samson du regard; celui-ci semble sous le charme. Il hésite, il lutte et trahit le trouble do son âme.
Acte II
Le théâtre représente la valide de Scores, en Palestine. A gauche la demeure de Dalila, précédée d’un léger portique et entourée de plantes asiatiques et de lianes luxuriantes. – Au lever du rideau, la nuit commence, et se fait plus complète pendant toute la durée de l’acte.
Scène première
DALILA seule.
Elle est plus parée qu’au premier acte. Au lever du rideau, elle est assise sur une roche, près du portique de sa maison, et semble rêveuse.
Samson, recherchant ma présence.
Ce soir doit venir en ces lieux.
Voici l’heure de la vengeance
Qui doit satisfaire nos dieux!
Amour! viens aider ma faiblesse!
Verse le poison dans son sein!
Fais que, vaincu par mon adresse,
Samson soit enchaîné demain!
Il voudrait en vain de son âme
Pouvoir me chasser, me bannir!
Pourrait-il éteindre la flamme
Qu’alimenté le souvenir?
Il est, à moi! c’est mon esclave!
Mes frères craignent son courroux;
Moi seule, entre tous, je le brave,
Et le retiens à mes genoux!
Amour, viens aider ma faiblesse!
Verse le poison dans son sein!
Fais que, vaincu par mon adresse,
Samson soit enchaîné demain!
Contre l’amour, sa force est vaine;
Et lui, le fort parmi les forts,
Lui, qui d’un peuple rompt la chaîne,
Succombera sous mes efforts!
Scène II
Dalila, Le Grand Prêtre De Dagon
LE GRAND PRÊTRE.
J’ai gravi la montagne
Pour venir jusqu’à toi!
Dagon qui m’accompagne
M’a guidé vers ton toit.
DALILA.
Salut à vous, mon père!
Soyez le bienvenu,
Vous qu’ici l’on révère!
LE GRAND PRÊTRE.
Notre sort t’est connu!
La victoire facile
Des esclaves hébreux
Leur a livré la ville.
Nos soldats devant eux
Ont fui, pleins d’épouvante,
Au seul nom de Samson
Dont l’audace effrayante
A troublé leur raison.
Fatal à notre race,
Il reçut de son Dieu
La force avec l’audace.
Enchaîné par un voeu,
Samson, dès sa naissance,
Fut marqué par le ciel
Pour rendre la puissance
Au peuple d’Israël!
DALILA amèrement.
Je sais que son courage
Brave votre courroux,
Et qu’il n’est pas d’outrage
Qu’il ne garde pour vous.
LE GRAND PRÊTRE.
A tes genoux, sa force
Un jour l’abandonna.
Mais depuis, il s’efforce
D’oublier Dalila.
On dit que, dans son âme,
Oubliant ton amour,
Il se rit de la flamme
Qui ne dura qu’un jour!
DALILA.
Je sais que de ses frères
Écoutant les discours
Et les plaintes amères
Que causent nos amours,
Samson, malgré lui-même,
Combat et lutte en vain;
Je sais combien il m’aime
Et mon coeur ne craint rien.
C’est en vain qu’il me brave:
Il est fort aux combats,
Mais il est mon esclave
Et tremble dans mes bras!
LE GRAND PRÊTRE.
Sers-nous de ta puissance,
Prête-nous ton appui!
Que, surpris sans défense,
Il succombe aujourd’hui!
Vends-moi ton esclave Samson!
Et pour te payer sa rançon,
Je ne ferai point de promesses!
Tu peux choisir dans mes richesses.
DALILA.
Qu’importe à Dalila ton or!
Et que pourrait tout un trésor
Si je ne rêvais la vengeance!
Toi-même, malgré ta science,
Je t’ai trompé par cet amour.
Samson sut vous dompter un jour
Mais il n’a pu me vaincre encore,
Car autant que toi je l’abhorre!
LE GRAND PRÊTRE.
J’aurais dû deviner ta haine et ton dessein!
Mon coeur en l’écoutant tressaille d’allégresse.
Mais sur son coeur déjà n’aurais-tu pas en vain
Mesuré ta puissance, essayé ton adresse?
DALILA.
Oui … déjà par trois fois, déguisant mon projet,
J’ai voulu de sa force éclaircir le secret.
J’allumai cet amour, espérant qu’à sa flamme
Je lirais l’inconnu dans le fond de son âme.
Mais, par trois fois aussi, déjouant mon espoir,
Il ne s’est point livré, ne m’a rien laissé voir.
En vain d’un fol amour j’imitai les tendresses,
Espérant amollir son coeur par mes caresses!
J’ai vu ce fier captif, enlacé dans mes bras,
S’arracher de ma couche et courir aux combats!
Aujourd’hui cependant, il subit ma puissance;
Car je l’ai vu pâlir, trembler en ma présence,
Et je sais qu’à cette heure, abandonnant les siens,
Il revient en ces lieux resserrer nos liens.
Pour ce dernier combat j’ai préparé mes armes:
Samson ne pourra pas résister à mes larmes.
LE GRAND PRÊTRE.
Que Dagon, notre Dieu, te prête son appui!
Tu combats pour son culte, et tu vaincras pour lui!
DALILA.
Il faut, pour assouvir ma haine,
Il faut que mon pouvoir l’enchaîne!
Je veux que, vaincu par l’amour,
Il courbe le front à son tour!
LE GRAND PRÊTRE.
Je veux, pour assouvir ma haine,
Je veux que Dalila l’enchaîne;
Il faut que, vaincu par l’amour,
Il courbe le front à son tour!
DALILA.
Il faut, pour assouvir ma haine, etc.
LE GRAND PRÊTRE.
En toi seule est mon espérance,
A toi l’honneur de la vengeance!
Je veux pour assouvir ma haine,
Je veux que Dalila l’enchaîne;
Je veux que, vaincu par l’amour,
Il courbe le front à son tour!
Unissons-nous tous deux!
Mort au chef des Hébreux!
DALILA.
A moi l’honneur de la vengeance!
Il faut, pour assouvir ma haine,
Il faut que mon pouvoir l’enchaîne!
Je veux que, vaincu par l’amour,
Il courbe le front à son tour!
Unissons-nous tous deux!
Mort au chef des Hébreux!
LE GRAND PRÊTRE.
Samson, me disais-tu, dans ces lieux doit se rendre?
DALILA.
Je l’attends!
LE GRAND PRÊTRE.
Je m’éloigne, il pourrait nous surprendre!
Bientôt, je reviendrai par de secrets chemins.
Le destin de mon peuple, ô femme, est dans tes mains.
Déchire de son coeur l’invulnérable écorce,
Et surprends le secret qui nous cache sa force.
Il sort.
DALILA se rapproche de la gauche de la scène vers le portique de sa maison, et s’appuie rêveuse à un des piliers.
Se pourrait-il que sur son coeur
L’amour eût perdu sa puissance?
La nuit est sombre et sans lueur …
Rien ne peut trahir sa présence.
Hélas‘!
Il ne vient pas!
Samson arrive par la droite. Il semble ému, troublé, hésitant; il regarde autour de lui. La nuit s’assombrit de plus on plus.
Scène III
Dalila, Samson.
Éclairs lointains.
SAMSON.
En ces lieux, malgré moi, m’ont ramené mes pas …
Je voudrais fuir, hélas! et ne puis pas.
Je maudis mon amour … et pourtant, j’aime encore …
Fuyons, fuyons ces lieux que ma faiblesse adore!
DALILA s’avance vers Samson.
C’est foi, mon bien-aimé! J’attendais ta présence.
J’oublie, en te voyant, des heures de souffrance.
Salut! salut! ô mou doux maître!
SAMSON.
Arrête ces transports
Je ne puis t’écouter sans honte et sans remords!
DALILA.
Samson! ô toi, mon bien-aimé!
Pourquoi repousser ma tendresse?
Pourquoi de mon front parfumé,
Pourquoi détourner tes caresses?
SAMSON.
Tu fus toujours chère à mon coeur,
Et tu n’en peux être bannie!
J’aurais voulu donner ma vie
A l’amour qui fit mon bonheur!
DALILA.
Près de moi pourquoi ces alarmes?
Aurais-tu douté de mon coeur?
N’es-tu pas mon maître et seigneur?
L’amour a-t-il perdu ses charmes?
SAMSON.
Hélas! esclave de mon Dieu,
Je subis sa volonté sainte;
Il faut, par un dernier adieu,
Rompre sans murmure et sans crainte
Le doux lien de notre amour!
D’Israël renaît l’espérance!
Le Seigneur a marqué le jour
Qui verra notre délivrance!
Il a dit à son serviteur:
Je t’ai choisi parmi tes frères,
Pour les guider vers le Seigneur
Et mettre un terme à leurs misères!
DALILA.
Qu’import à mon coeur désolé
Le sort d’Israël et sa gloire!
Pour moi le bonheur envolé
Est le seul fruit de ta victoire.
L’amour égarait ma raison
Quand je croyais à tes promesses,
Et je n’ai bu que le poison
En m’enivrant de tes caresses!
SAMSON.
Ah! cesse d’affliger mon coeur!
Je subis une loi suprême …
Tes pleurs ravivent ma douleur!
Dalila! Dalila! je t’aime!
Éclairs lointains.
DALILA.
Un dieu plus puissant que le tien,
Ami, te parle par ma bouche;
C’est le Dieu d’amour, c’est le mien!
Et, si ce souvenir te touche,
Rappelle à ton coeur ces beaux jours
Passés aux genoux d’une amante
Que tu devais aimer toujours,
Et qui seule, hélas! est constante!
SAMSON.
Insensée! oser m’accuser!
Quand pour toi tout parle à mon âme!
Oui, dût la foudre m’écraser!
Dussé-je périr de sa flamme!
Éclairs plus rapprochés.
Pour toi si grand est mon amour,
Que j’ose aimer malgré Dieu môme!
Oui! dussé-je en mourir un jour,
Dalila! Dalila! je t’aime!
DALILA.
Mon coeur s’ouvre à ta voix, comme s’ouvrent les fleurs
Aux baisers de l’aurore!
Mais, ô mon bien-aimé, pour mieux sécher mes pleurs,
Que ta voix parle encore!
Dis-moi qu’à Dalila tu reviens pour jamais;
Redis à ma tendresse
Les serments d’autrefois, ces serments que j’aimais! …
Ah! réponds à ma tendresse!
Verse-moi l’ivresse!
Réponds à ma tendresse!
SAMSON.
Dalila! Dalila! je t’aime!
DALILA.
Ainsi qu’on voit des blés les épis onduler
Sous la brise légère,
Ainsi frémit mon coeur, prêt à se consoler,
A ta voix qui m’est chère!
La flèche est moins rapide à porter le trépas,
Que ne l’est ton amante à voler dans tes bras!
DALILA.
Ah! réponds à ma tendresse!
Verse-moi l’ivresse!
SAMSON.
Par mes baisers, je veux sécher tes larmes,
Et de ton coeur éloigner les alarmes!
SAMSON.
Dalila! Dalila! je t’aime!
Violent coup de tonnerre.
DALILA.
Mais! … non! que dis-je, hélas! la triste Dalila
Doute de tes paroles! Égarant ma raison,
Tu me trompas déjà par des serments frivoles!
SAMSON.
Quand pour toi j’ose oublier Dieu,
Sa gloire, mon peuple et mon voeu!
Ce Dieu qui marqua ma naissance
Du sceau divin de sa puissance!
DALILA.
Eh bien! connais done mon amour!
C’est ton Dieu même que j’envie!
Ce Dieu qui te donna le jour,
Ce Dieu qui consacra ta vie!
Le voeu qui t’enchaîne à ce Dieu
Et qui fait ton bras redoutable,
A mon amour fais-en l’aveu,
Chasse le doute qui m’accable!
Éclairs et tonnerre lointam.
SAMSON.
Dalila, que veux-tu de moi?
Crains que je ne doute de toi!
DALILA.
Si j’ai conservé ma puissance.
Je veux l’essayer en ce jour!
Je veux éprouver ton amour
En réclamant ta confiance!
Éclairs et tonnerre de plus en plus rapprochés.
SAMSON.
Hélas! qu’importé à ton bonheur
Le lien sacré qui m’enchaîne?
Ce secret que garde mon coeur?
DALILA.
Par cet aveu soulage ma douleur!
SAMSON.
Pour le ravir, la force est vaine!
DALILA.
Oui! vain est mon pouvoir,
Car vaine est ta tendresse!
Quand je veux le savoir,
Ce secret qui me blesse,
Dont je veux la moitié,
Oses-tu, dans ton âme,
Sans honte et sans pitié,
M’accuser d’être infâme?
SAMSON.
D’une immense douleur
Ma pauvre âme accablée
Implore le Seigneur
D’une voix désolée!
DALILA.
J’avais paré pour lui
Ma jeunesse et mes charmes!
Je n’ai plus aujourd’hui
Qu’à répandre des larmes!
SAMSON.
Dieu tout-puissant
J’invoque ton appui!
DALILA.
Pour ces derniers adieux
Ma voix est impuissante!
Fuis! Samson, fuis ces lieux
Où mourra ton amante!
SAMSON.
Laisse-moi.
DALILA.
Ton secret?
SAMSON.
Je ne puis!
DALILA.
Ton secret?
Ce secret qui cause mes alarmes,
SAMSON.
L’orage sur ces monts
Déchaîne sa colère!
Le Seigneur sur nos fronts
Fait gronder son tonnerre!
DALILA.
Je le brave avec toi!
Viens!
SAMSON.
Non!
DALILA.
Viens!
SAMSON.
Laisse-moi!
DALILA.
Que m’importe la foudre!
SAMSON.
Je ne puis m’y résoudre …
SAMSON.
C’est la voix de mon Dieu!
DALILA.
Lâche! coeur sans amour!
Je te méprise! Adieu!
Dalila court vers sa demeure; l’orage est dans tonte sa fureur. Samson, levant les bras au ciel, semble invoquer Dieu. Il s’élance à la suite de Dalila, hésite, et enfin entre dans sa demeure. – Par la droite arrivent dos soldats philistins qui s’approchent doucement de la demeure do Dalila.
Violent coup de tonnerre.
DALILA paraissant à sa fenêtre.
A moi! Philistins! à moi!
SAMSON.
Trahison!
Les soldats se précipitent dans la demeure do Dalila. Rideau.
Acte III
Premier Tableau
La prison de Gaza.
Scène première
Samson, Les Hébreux.
Samson, enchaîné, aveugle, les cheveux coupés, tourne la meule. Dans la coulisse, choeur des Hébreux captifs.
SAMSON.
Vois ma misère, hélas! vois ma détresse!
Pitié! Seigneur! pitié pour ma faiblesse!
J’ai détourné mes pas de ton chemin:
Bientôt de moi tu détournas la main.
Je t’offre, ô Dieu, ma pauvre âme brisée!
Je ne suis plus qu’un objet de risée!
Ils m’ont ravi la lumière du ciel;
Ils m’ont versé l’amertume et le fiel!
LE CHOEUR.
Samson, qu’as-tu fait du Dieu de tes pères?
Qu’as-tu fait de tes frères?
SAMSON.
Hélas! Israël dans les fers,
Du ciel attirant la vengeance,
A perdu jusqu’à l’espérance
Par tous les maux qu’il a soufferts!
Que nos tribus à tes yeux trouvent grâce.
Daigne à ton peuple épargner la douleur!
Apaise-toi devant leurs maux, Seigneur,
Toi, dont jamais la pitié ne se lasse!
LE CHOEUR.
Dieu nous confiait à ton bras,
Pour nous guider dans les combats;
Samson! qu’as-tu fait de tes frères?
Qu’as-tu fait du Dieu de tes pères?
SAMSON.
Frères! votre chant douloureux,
Pénétrant dans ma nuit profonde,
D’une angoisse mortelle inonde
Mon coeur coupable et malheureux!
Dieu! prends ma vie en sacrifice
Pour satisfaire ton courroux!
D’Israël détourne les coups,
Et je proclame ta justice!
LES HÉBREUX.
Pour une femme il nous vendait,
De Dalila payant les charmes.
Fils de Manoah, qu’as-tu fait
De notre sang et de nos larmes?
SAMSON.
A tes pieds, brisé, mais soumis,
Je bénis la main qui me frappe.
Fais, Seigneur, que ton peuple échappe
A la fureur des ennemis!
LE CHOEUR (HÉBREUX).
Samson! qu’as-tu fait de tes frères?
Qu’as-tu fait du Dieu de tes pères?
Les Philistins entrent dans la prison; ils entraînent Samson.
Changement.
Deuxième Tableau
Intérieur du temple de Dagon. – Statue du dieu. Table des sacrifices. – Au milieu du sanctuaire, deux colonnes de marbre semblent supporter l’édifice.
Scène II
Le Grand Prêtre, Dalila, Les Philistins.
Le grand prêtre de Dagon est entouré de princes philistins. Dalila, suivie des jeunes Philistines, couronnées de fleurs, des coupes à la main. Une foule de peuple remplit le temple. Le jour se lève.
CHOEUR DES PHILISTINS.
L’aube, qui franchit déjà les coteaux,
D’une nuit si belle éteint les flambeaux;
Prolongeons la fête, et malgré l’aurore,
Aimons encore:
L’amour verse au coeur l’oubli de nos maux.
Au vent du matin, l’ombre de la nuit
Comme un léger voile à l’horizon fuit.
L’orient s’empourpre, et sur les montagnes
Le soleil luit,
Dardant ses rayons au sein des campagnes.
Bacchanale.
Scène III
Les Mêmes, Samson, conduit par un enfant.
LE GRAND PRÊTRE.
Salut au juge d’Israël,
Qui vient par sa présence égayer notre fête!
Dalila, par tes soins, qu’une coupe soit prête;
Verse à ton amant l’hydromel!
Il videra sa coupe en chantant sa maîtresse
Et sa puissance enchanteresse!
LES PHILISTINS.
Samson! nous buvons avec toi
A Dalila, ta souveraine!
Vide la coupe sans effroi:
L’ivresse dissipe la peine!
SAMSON, À PART.
L’âme triste jusqu’à la mort,
Devant toi, Seigneur, je m’incline;
Que par ta volonté divine
Ici s’accomplisse mon sort!
DALILA s’approchant de Samson, une coupe à la main.
Laisse-moi prendre ta main
Et te montrer le chemin,
Comme dans la sombre allée
Qui conduit à la vallée,
Le jour où, suivant mes pas,
Tu m’enlaçais de tes bras!
Tu gravissais les montagnes
Pour arriver jusqu’à moi,
Et je fuyais mes compagnes
Pour être seule avec toi.
Souviens-toi de nos ivresses!
Souviens-toi de mes caresses!
L’amour servait mon projet!
Pour assouvir ma vengeance
Je t’arrachai ton secret:
Je l’avais vendu d’avance!
Tu croyais à cet amour;
C’est lui qui riva ta chaîne!
Dalila venge en ce jour
Son dieu, son peuple et sa haine!
SAMSON à part.
Quand tu parlais, je restais sourd;
Et dans le trouble de mon âme,
Hélas! j’ai profané l’amour
En le donnant à cette femme.
LE GRAND PRÊTRE.
Allons, Samson, divertis-nous,
En redisant à ton amante
Les doux propos, les chants si doux
Dont la passion s’alimente.
Que Juhovah compatissant
A tes yeux rende la lumière!
Je servirai ce Dieu puissant
S’il peut exaucer ta prière!
Mais, incapable à te servir,
Ce Dieu, que tu nommes ton père,
Je puis l’outrager, le haïr,
En me riant de sa colère!
SAMSON.
Tu permets, ô Dieu d’Israël,
Que ce prêtre imposteur outrage,
Dans sa fureur et dans sa rage,
Ton nom, à la face du ciel!
Que ne puis-je venger ta gloire
Et par un prodige éclatant
Retrouver pour un seul instant
Les yeux, la force et la victoire!
LES PHILISTINS riant.
Ah! ah! ah! ah!
Rions de sa fureur!
Tu ne nous fais pas peur!
Dans ta rage impuissante, Samson, tu n’y vois pas!
Prends garde à tes pas!
Ah! ah! ah! ah!
LE GRAND PRÊTRE.
Viens, Dalila, rendre grâce à nos dieux
Qui font trembler Jéhovah dans les cieux!
Du grand Dagon consultons les auspices;
Versons pour lui le vin des sacrifices!
Dalila et le grand prêtre se dirigent vers la table des sacrifices, sur laquelle se trouvent les coupes sacrées. Un feu brûle sur l’autel qui est orné de fleurs. Dalila et le grand prêtre, prenant les coupes, font une libation sur le feu sacré qui s’active, puis disparaît pour reparaître au troisième couplet de l’invocation. – Samson est resté au milieu de la scène, ayant près de lui l’enfant qui le conduit; il est accablé par la douleur et semble prier.
DALILA, LE GRAND PRÊTRE.
Gloire à Dagon vainqueur!
Il aidait ma faiblesse / ta faiblesse
Inspirant à mon coeur / ton coeur
Et la force et l’adresse!
O toi! le plus grand entre tous,
Toi qui fis la terre où nous sommes,
Que ton esprit soit avec nous,
O maître des dieux et des hommes!
LE CHOEUR.
Marque d’un signe
Nos longs troupeaux;
Mûris la vigne
Sur nos coteaux!
Rends à la plaine
Notre moisson,
Que, dans sa haine,
Brûla Samson!
DALILA, LE GRAND PRÊTRE.
Reçois sur nos autels
Le sang do nos victimes,
Que t’offrent des mortels
Pour expier leurs crimes!
LE CHOEUR.
Gloire à Dagon!
DALILA, LE GRAND PRÊTRE
Aux yeux de tes divins,
Pouvant seuls contempler ta face,
Montre l’avenir qui se cache
Aux regards des autres humains!
LE CHOEUR.
Dieu, sois propice
A nos destins!
Que ta justice
Aux Philistins
Donne la gloire
Dans les combats;
Que la victoire
Suive nos pas!
DALILA, LE GRAND PRÊTRE, LE CHOEUR.
Dagon se révèle.
La flamme nouvelle,
Sur l’autel, renaît de la cendre.
L’immortel pour nous va descendre!
C’est le Dieu,
Qui par sa présence
Montre sa puissance
En ce lieu!
LE GRAND PRÊTRE à Samson.
Pour que le sort soit favorable,
Allons, Samson, viens avec nous,
A Dagon, le Dieu redoutable,
Offrir ta coupe à deux genoux!
A l’enfant.
Guidez ses pas vers le milieu du temple,
Pour que de loin le peuple le contemple.
SAMSON.
Seigneur, inspire-moi, ne m’abandonne pas!
Vers les piliers de marbre, enfant, guide mes pas!
(L’enfant conduit Samson entre les deux piliers.)
LE CHOEUR.
Dagon se révèle.
La flamme nouvelle,
Sur l’autel,
Renaît, de la cendre.
C’est le Dieu
Qui par sa présence
Montre sa puissance
En ce lieu.
Dieu, sois propice
A nos destins
Que ta justice
Aux Philistins
Donne la gloire
Dans les combats!
Que la victoire
Suive nos pas!
Devant toi, d’Israël
Disparaît l’insolence!
Nos bras, guidés par ton esprit,
Dans les combats, ou par tes charmes,
Ont vaincu ce peuple maudit,
Bravant ta colère et tes armes!
A nos destins,
Dieu, sois propice;
Que ta justice
Aux Philistins
Donne la gloire
Dans les combats!
Que la victoire
Suive nos pas!
Gloire à Dagon!
Gloire!
SAMSON placé entre les deux piliers et cherchant à les ébranler.
Souviens-toi de ton serviteur
Qu’ils ont privé de la lumière!
Daigne pour un instant, Seigneur,
Me rendre ma force première!
Qu’avec toi je me venge, ô Dieu!
En les écrasant en ce lieu!
Le temple s’écroule au milieu des cris.
TOUS.
Ah!
Fin